Les montres militaires hommes : l’expérience du terrain

Au panthéon des montres au pouvoir d'attraction élevé, les montres militaires homme siègent depuis longtemps en bonne place. Et qu’elles soient récentes ou vintages, ces montres nourrissent un imaginaire aussi vaste que puissant.

Montres militaires homme, un monde à part entière

Autant le dire tout de suite, quitte à enfoncer une porte ouverte : les montres militaires homme se distinguent principalement des autres montres (pour ne pas dire essentiellement) par leurs états de service. En effet, quelles autres montres peuvent se targuer d’avoir vécu d’autant d’aventures et braver autant de périls à l'image de celles dotées d'un bracelet montre toile militaire ? Ainsi, les fragments de l’histoire et les anecdotes qu’elles abritent sont particulièrement appréciés des collectionneurs, toujours en quête d’authenticité. Malheureusement, les montres militaires ne représentent qu’une infime partie de la production horlogère et, compte tenu de leurs conditions d’utilisation, en trouver une en bon état relève parfois du parcours du combattant… Comme un malheur n’arrive jamais seul, la rareté s’accompagne souvent de spéculation : il est donc fréquent de voir leurs prix s’envoler.

Cependant, au risque d’en décevoir certains, il faut comprendre qu’il n’existe pas un modèle de montres militaires homme unique et universel. Chaque époque, chaque nation, chaque corps d’armée a des besoins et des attentes particuliers en matière de garde-temps. Les cahiers des charges ont donc été remaniés aussi souvent que nécessaire. Pour être tout à fait honnête, chaque montre peut en fait devenir une montre militaire dès lors que les soldats y trouvent leur compte.

Ceci étant dit, il faut reconnaitre trois caractéristiques qui réunissent ces montres sous une seule et même bannière : fiabilité, robustesse et lisibilité.

Si les deux premiers critères ne font pas particulièrement débat tant ils semblent aller de soi, le troisième réserve quant à lui quelques surprises. Par exemple, connaissez-vous les cadrans dits "California" ? Suite à une demande de l’US Navy, Rolex dépose en 1942 un brevet pour des cadrans de "Lecture correcte et instantanée". En effet, dans le feu de l’action, soldats et pilotes avaient tendance à confondre les chiffres du cadran… Afin d’y remédier, Rolex propose un cadran divisé en deux hémisphères bien distincts : la partie supérieure est composée de chiffres romains, tandis que la partie inférieure est constituée de chiffres arabes. L’ensemble était rempli de matière luminescente au Radium afin de garantir une lisibilité optimale en toutes circonstances. L’appellation California viendra des collectionneurs japonais qui sillonneront la Californie dans les années 1980 à la recherche de montres arborant ce cadran si particulier.

Et qui aurait soupçonné que les deux points qui escortent le trait d’index de midi de la célèbre Omega Speedmaster, pourtant destinée aux pilotes automobiles, étaient en fait hérités de l’un des premiers cahiers des charges du ministère de la Défense britannique (MoD) ? Il s’agit pourtant bien de l’une des exigences de lisibilité de ce cahier des charges, connu sous le nom de Mark X, qui engendrera le modèle de montres militaires homme le plus connu de la Seconde Guerre Mondiale. Produites par 12 manufactures triées sur le volet, ces montres sont surnommées les "Dirty Dozen" (Les Douze Poussiéreuses) par les initiés.

Deux interprétations très différentes de ce que doit être la lisibilité d’une montre militaire homme... Et il ne s’agit là que d’un modeste échantillon !

Bracelet montre toile militaire, de gros atouts face au cuir

Pour ce qui est du bracelet permettant d’arrimer une field watch à son poignet, il y eu, à l’instar du cahier des charges du MoD, un certain nombre de versions. Et si le nylon semble pour le moment être plébiscité, il n’en a pas bien évidemment pas toujours été ainsi. Parmi les bracelets les plus remarquables, on peut notamment citer le bracelet "Bund". Fourni aux pilotes de l’armée de la République Fédérale d’Allemagne (Bundesrepublik Deutschland) durant la Seconde Guerre Mondiale, il se caractérise par une plaque de cuir protectrice placée entre la montre et le poignet, autrement appelée "plaque américaine". Ce bracelet devait remplir 4 fonctions :

• Isoler les montres de la sueur et de l’humidité pour augmenter leur durée de vie
• Réduire la transmission des vibrations en maintenant fermement la montre au poignet
• Limiter les blessures en cas de choc violent
• Protéger le soldat des brulures de l’acier si celui-ci venait à être prisonnier des flammes.

Mais ainsi que nous le verrons dans un prochain article, c’est bien loin des terrains que le bracelet Bund est passé à la postérité.

Toujours est-il qu’on aurait tort de penser que les bracelets en cuir ont été les seuls à équiper les montres militaires. En effet, ceux-ci ont un ennemi de taille : l’eau. Non seulement le cuir se dégrade rapidement en milieu humide, mais surtout, il sèche lentement. Cette particularité étant de nature à poser quelques problèmes épidermiques, on lui aura bien souvent préféré le tissu. Ainsi, nombre de montres distribuées lors de la Première Guerre Mondiale étaient équipées de bracelet montre toile militaire également nommé bracelet de montre textile.

En écho à cette dotation règlementaire et après de longues recherches, Maison Fèvre est fière de présenter sa version du bracelet montre toile militaire. Son profil minimaliste fait non seulement honneur à l’aspect épuré caractéristique des tool watches mais cache surtout bien son jeu : sa doublure en cuir de vachette le rend très agréable à porter. Doté de pompes-rapides, il permet de rendre apte au service n’importe quelle montre en un tour de main. Plus que jamais, si le cadran est le visage d’une montre, son bracelet permet d’affirmer sa personnalité.

Le bracelet montre toile militaire Maison Fèvre permettra aux aficionados de fatigue pants et autres vestes M-65 de varier les plaisirs, d’autant plus qu’il est compatible Apple Watch grâce aux adaptateurs Apple lug. Découvrez notre collection et trouvez le bracelet qu'il vous faut à l'image du bracelet tissu Apple Watch dans plusieurs coloris.

Montres connectées militaire, la montre du futur ?

La transition est toute trouvée pour aborder la percée des montres connectées militaires au sein de l’équipement réglementaire des soldats. Mais avant d’en arriver là, abordons le retrait des montres mécaniques au profit de celles à quartz, et notamment la désormais célèbre Casio G-Shock. En 1981, Kikuo Ibe, alors ingénieur chez Casio, fait tomber et brise la montre qui lui a été offerte une dizaine d’années plus tôt par son père… Il se donne alors comme objectif de créer une montre incassable, qui rapidement s’articulera autour de la règle du Triple 10 : batterie d’une durée de vie d'au-moins 10 ans, résistance à la pression dans l'eau d'au-moins 10 bars et résistance à une chute d'au-moins 10 m sur une surface dure. C’est après 2 ans de recherches et pas moins de 200 prototypes que la G-Shock vu le jour. Avec un tel cahier des charges, est-ce utile de préciser qu’elle suscita immédiatement l’intérêt de plusieurs corps d’armées ? Elle équipa tant les poignets des plongeurs-démineurs de la Marine Nationale que celui des soldats de la Delta Force lors de la bataille de Mogadiscio, passée à la postérité comme la Chute du Faucon noir…

Et puis vint l’ère des montres connectées militaires. Dans cette catégorie, il faut reconnaitre que les montres Garmin sortent du lot. Fondé en 1989 par deux ingénieurs américains, Garmin est spécialisée dans les assistants de navigation, les fameux GPS, à destination de l’aviation et de l’armée notamment. Au tournant des années 2000, Garmin se démocratise auprès du grand public via des navigateurs GPS destinés aux randonneurs et créés en 2012 une gamme horlogère. Plébiscitées par les sportifs grâce aux nombreuses fonctionnalités qu’elles embarquent, les montres Garmin ont également trouvé grâce aux yeux des soldats. Si j’imagine que cette évolution est dans l’ordre naturel des choses, je ne peux m’empêcher deux réflexions :

Sachant que le numérique est le prochain terrain d’affrontement et que le piratage est devenu une arme, n’est-il pas risqué que d’équiper nos troupes avec un outil connecté ?

Les montres connectées militaires sont issues des nouvelles technologies et par essence, soumises à l’obsolescence programmées. Si je ne doute pas qu’elles vivent d’aussi riches aventures que leurs consœurs mécaniques, il y a en revanche peu de chance pour qu’elles déchainent les passions sur le marché de l’occasion…

Montres militaires forces spéciales, au cœur de l’action

Quoi qu’il en soit, la marque américaine équipe les poignets du RAID depuis fin 2018. Cette collaboration illustre le fait que les unités d’élites sont certainement celles dont les poignets sont les plus exigeants. En effet, les montres militaires forces spéciales nous rappellent qu’elles sont avant tout des outils et pas seulement des accessoires. Et si les montres connectées séduisent par leurs fonctions tactiques, elles sont le prolongement d’évolutions bien connues. Si les films d’action des années 1990 ont largement abusé de la fameuse scène où les protagonistes devaient "synchroniser leurs montres", sachez que cette fonction est issue du cahier des charges A-11 américain spécifiant que les montres devaient être équipées d’un hack-system permettant l’arrêt du balancer et donc, la synchronisation des montres à la seconde près avant une opération militaire.

Plus que n’importe quelle autre montre militaire, les montres militaires forces spéciales doivent se démarquer dans les critères de robustesse et de fiabilité évoqués plus haut. Ainsi, à tout seigneur tout honneur, le GIGN s’est tourné vers Rolex et plus particulièrement vers le modèle Submariner No-Date pour équiper ses hommes. Quant à la BRI, elle s’est tournée vers la marque française Ralf Tech pour équiper ses agents.

Cette liste ne saurait être exhaustive, mais il semblerait que parfois, le hasard des rencontres ou des exploits passés guident les choix des montres militaires forces spéciales. Est-ce les exploits de Thor Heyerdahl qui ont guidé les commandos navals israéliens dans le choix de la marque Eterna et de son modèle Kon-Tiki ? Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a parfois qu’une fraction de seconde qui sépare l’échec de la réussite d’une mission…

Cyril LEROY
Rédacteur horlogerie Maison Fèvre
Amateur éclairé & collectionneur passionné